Simon Fujiwara, <i>Likeness</i>, 2018

Simon Fujiwara

Revolution

Exposition du 13 oct. 2018 au 06 janv. 2019

Il y a 5 ans et 3 mois

Revolution de Simon Fujiwara est la première exposition monographique de l’artiste en France. Conçue en dialogue avec le bâtiment récemment rénové de la Fondation, Revolution rassemble des œuvres et installations à grande échelle dont deux ont été produites par Lafayette Anticipations. Cette invitation est la prolongation d’un dialogue entamé en 2014 avec Simon Fujiwara lors du développement de son projet New Pompidou initié dans le cadre du programme de préfiguration de la Fondation.

À travers un ensemble d’œuvres qui investit tous les espaces d’exposition de la Fondation, le travail de Simon Fujiwara aborde l’importance que notre société accorde aux médias de masse et à la fétichisation de l’expérience individuelle dans une ère de révolution technologique. Il se conçoit comme une réponse à la fois complexe et critique autour des questions de l’omniprésence de la représentation de soi aujourd’hui.L’exposition s’ouvre sur une installation proposant une expérience immersive inédite. Empathy I(2018) est née de l’intérêt de l’artiste pour les lieux de loisirs, les visites de sites touristiques, telles que celle du château de Neuschwanstein, ou les parcs à thème comme Disneyland.

En collaboration avec une société concevant des attractions pour les parcs de loisirs, Simon Fujiwara a créé son propre simulateur. Plutôt que d’explorer des thématiques historiques ou imaginaires, il embarque le public dans le “monde réel”, à l’aide de vidéos en caméra subjective collectées sur internet.Le parcours se poursuit avec The Happy Museum, conçu en collaboration avec le frère de l’artiste, Daniel. "Economiste du bonheur", son métier consiste à transformer les facteurs contribuant au bien-être de la société en données. Ces données sont ensuite utilisées par des entreprises, des gouvernements et des ONG pour promouvoir des politiques mettant en avant la notion de bien-être. Produite à l’occasion de la 9e Biennale de Berlin, cette installation, en perpétuelle évolution, est constituée de différents objets et artefacts témoignant des contradictions profondes de notre société. Fujiwara assimile cette oeuvre à un fil d'actualités, les objets sont en effet amenés à changer ou être "mis à jour" en fonction des lieux où ils sont exposés.

La série Joanne s’articule autour de plusieurs photographies grand format et un film. Joanne Salley est une ancienne professeure d’arts plastiques de Simon Fujiwara. En 2011, elle doit démissionner suite à la circulation sur internet d’images d’elle non-autorisées. Ce projet révèle le pouvoir destructeur des tabloïdes sur cette ancienne reine de beauté et questionne plus largement l’image des femmes dans les médias mainstream. Enfin, au dernier étage de la Fondation, Likeness, produite spécialement pour l’exposition, installe au coeur du dispositif, la reproduction de cire de la figure d’Anne Frank, identique à celle exposée depuis 2012 au musée Madame Tussauds de Berlin. On y voit la jeune fille à son bureau, écrivant son journal dans le décor de sa cachette. Image d’une humanité figée et éternellement fragile, le mannequin regarde le spectateur avec un léger sourire. Poussant à l’extrême le besoin visceral de faire des images, déjà à l’oeuvre dans ces musées devenus prétextes à d’incessantes parades de selfies, Simon Fujiwara a entrepris de filmer la poupée de cire avec un Bolt, une caméra équipée d’un bras et d’un dispositif entièrement robotisé. Anne Frank devient alors l’objet d’une scrutation intrusive qui confine à l’indécence. Tel un contrepoint au bâtiment-machine de Lafayette Anticipations, Likeness apparait comme le présage d’un monde mécanisé dans lequel la notion de mémoire collective se confronte à l’objectivité froide sans retenue de gestes autrefois exécutés pas des êtres humains.

Simon Fujiwara, Empathy I, 2018 © Andrea Rossetti
Simon Fujiwara, <i>Empathy I</i>, 2018
Simon Fujiwara, Empathy I, 2018 © Andrea Rossetti
Simon Fujiwara, Joanne, 2016
Simon Fujiwara, Joanne, 2016 © Andrea Rossetti