Ladji Diaby

L’œuvre de Ladji Diaby constitue une trace de la vie quotidienne de l’artiste : elle rassemble des objets issus de sa maison familiale à Ivry-sur-Seine, souvent disposés aux côtés de fragments d’objets abandonnés — et aujourd’hui retrouvés — provenant d'autres vies que la sienne.

Ses œuvres naissent du hasard et des circonstances, un processus de découverte que Diaby qualifie de magique. Il traite ces objets trouvés avec révérence, les laissant guider le processus de création. Ce sont les artefacts (et non la main de l'artiste) qui guident son processus. Sa dévotion envers ces matériaux témoigne d’une force bien plus grande que l'artiste lui-même, son travail devient un espace de dépassement, lui permettant de transcender les cadres narratifs étroits imposés à son identité d’homme, d’origine malienne, de confession musulmane, vivant en France.

Son installation s’inspire de théories géologiques et biochimiques de l'anthropocène - notion selon laquelle l'impact humain sur les systèmes terrestres est entré dans une nouvelle ère - un point de non-retour menant inévitablement à la fin du monde tel que nous le connaissons.

Faisant référence au titre d'un album du groupe de funk et de soul Father's Children, la question « Who's Gonna Save the World ? » (Qui va sauver le monde ?) est rhétorique. L'artiste considère plutôt cette chute comme une nécessité à partir de laquelle nous pouvons reconstruire, suggérant que la reconnaissance d'une ruine imminente nous permet d'avancer vers de nouvelles utopies et d'éviter le sort qui nous est réservé.

Dans Who’s Gonna Save the World ? et dans l’ensemble de sa production, Diaby tente d’ouvrir un portail vers des dimensions imaginaires, mais réalisables. Ces œuvres constituent collectivement des talismans issus d’un nouveau monde imaginaire où se combinent les aspirations politiques, spirituelles et artistiques de l’artiste.

Commissaire : Ben Broome

Visuel de couverture : Ladji Diaby, untitled (2025)