Warm Up online avec Benjamin Bertrand
38min
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Suite à une Session live qui s'est tenue en 1-to-1 avec le chorégraphe le 30 juin, découvrez la version filmée composée d'une invitation au mouvement par Benjamin Bertrand, suivie d'une discussion entre le chorégraphe et Madeleine Planeix-Crocker, curatrice des Warm Up Sessions.

De septembre à décembre 2019, Benjamin Bertrand part au Japon en résidence à la Villa Kujoyama pour y chercher des gestes vestiges, des gestes d'ouverture, horizontaux, bras ouverts devant la Méditerranée et mains tendues vers un corps invisible et matriciel. En résidence à la Villa Kujoyama, il développe une pratique polymorphe en studio : il s'initie au théâtre Noh auprès de l'acteur Tatsushige Udaka, il poursuit sa pratique de l'improvisation et s'intéresse à la filiation entre le bouddhisme zen et les avant-gardes de la post-modern dance américaine.En tant que passeur, il souhaite durant cette Warm Up Session transmettre à chaque participant•e les traces de ces danses improvisées à Kyoto, à la qualité particulière de recueillement. Ces sept danses composent son prochain solo, Vestiges*, sept danses du soin en dialogue avec les spectres des tribus décimées qu'évoque le poète algérien Kateb Yacine et dont les flux de nos peaux ravivent les traces sensuelles.
 
* Ce projet a été développé lors d'une résidence de Benjamin Bertrand en 2019 à la Villa Kujoyama avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller et de l'Institut Français.
 
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Les Warm Up Sessions partent d'une volonté de découvrir, d'incarner et d'analyser collectivement les techniques de training dans la performance. Les Sessions ont pour ambition de positionner l'échauffement comme une étape essentielle de la création performative. Ainsi, le training est compris comme un point de départ de la production chorégraphique, théâtrale et de la performance, un processus à la fois de partage et de réflexion. En partant d'invitations inclusives, les Sessions cherchent à déconstruire les silos érigés entre le mouvement et la pensée. Le cycle propose un espace de pratique et une plateforme de discussion pour toutes et tous, élaboré de concert avec les invité·e·s. Dans ce terrain d'expérimentation, les publics deviennent des participant·e·s acti·f·ve·s, donnant naissance à un event éphémère et récurrent.
Lafayette Anticipations
Warm Up Session avec Benjamin Bertrand
Lafayette Anticipations
Warm Up Session avec Benjamin Bertrand
Taos Bertrand est danseuse-interprète et chorégraphe. Son travail est motivé par les questions d'écriture et de matérialité, de prophétie et de trouble, de fantômes et d'avatars.

Elle signe des pièces comme Orages (2015) qui s’ancre dans son expérience de personne née sous X; Rafales (2017), pièce ondulatoire lauréate de la bourse d’écriture de la Fondation Beaumarchais-SACD, Inside your bones (2019) avec l'ensemble instrumental Ars Nova. Lauréate de la Villa Kujoyama en 2019, elle crée à son retour du Japon un solo, Vestiges (2021), La Fin des Forêts (2022), trio sur une autre mythologie du cruising, promettre (2022), duo co-écrit avec et à l’invitation d’Erwan Larcher pour le programme Vive le sujet du Festival d’Avignon.

En 2023, elle crée brutal syntax, pièce commissionnée par le festival Meltdown commissioné par Christine and the Queens, et participe à la nouvelle création d’Adam Linder pour le Museum of contemporary art of Sydney.

En tant qu'interprète, elle a notamment travaillé avec Olivier Dubois, Christine & the Queens, Adam Linder, Erwan Ha Kyoon Larcher, Valentin Noujaïm, Jean-Luc Verna, le collectif (LA)HORDE, Koki Nakano...

Madeleine Planeix-Crocker est curatrice associée à Lafayette Anticipations.

Madeleine est également co-directrice de la Chaire "Troubles, Alliances et Esthétiques" aux Beaux-Arts de Paris et membre permanent du Conseil Scientifique de le Recherche de l’ESAD de Reims.

Diplômée de Princeton University en études culturelles, Madeleine a obtenu un Master spécialisé en Médias, Art et Création de HEC Paris et un Master 2 à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Elle y a porté un projet de recherche-création avec l’association Women Safe, où elle mène désormais un atelier de théâtre et d’écriture créative. Madeleine poursuit actuellement une thèse à l’EHESS (CRAL) autour des pratiques du faire-commun en performance contemporaine. 

Elle pratique la danse et le théâtre depuis l’enfance.

Transcription

Madeleine Planeix-Crocker

Bonjour à toutes et à tous. Je suis très heureuse de pouvoir accueillir Benjamin Bertrand danseur et chorégraphe pour cette Warm up Session. Je m'appelle Madeleine Planeix-Crocker et je suis curatrice du cycle de rencontres autour des performances, ici à Lafayette Anticipations. Benjamin on t'accueille dans des conditions assez particulières dans le cadre de ce cycle. C'est un format hybride que l'on vous propose, à la fois live et digital, donc on aura l'occasion cet après-midi de pouvoir accueillir des participants et des participantes en 1-to-1 avec Benjamin et on filme également à cette occasion la session proposée par Benjamin suivie de cette conversation qui nous permettra de creuser un tout petit plus les enjeux du cycle que tu nous proposes aujourd'hui.

Alors sans plus trop tarder Benjamin, bonjour.

Alors est-ce que tu peux nous parler un tout petit peu plus du contexte de création de ton nouveau solo qui est à la source d'inspiration vraiment des gestes et des mouvements que tu nous propose dans cette session aujourd'hui, qui, si j'ai bien compris, naît vraiment dans le cadre d'une résidence que tu viens de réaliser à la villa Kujoyama à Kyoto ?

Benjamin Bertrand 

Oui.

Madeleine Planeix-Crocker

Et qui donne naissance à ton nouveau solo « Vestige ».

Benjamin Bertrand 

Oui, en effet j'étais en résidence à la villa Kujoyama de septembre 2019 à décembre 2019 pendant 4 mois donc et mon projet à la villa portait principalement sur le théâtre Noh et sur l'étude des rites funéraires. Et donc j'ai proposé ce projet en 2018 et ensuite j'ai eu la très joyeuse nouvelle en juin 2018, de savoir que j'allais partir 4 mois à Kyoto, je me suis senti absolument chanceux. Et j'ai été au contact pendant 4 mois avec Tatsushige Udaka, qui est un acteur kyotoïte de l'école Kongo, en fait il y a plusieurs écoles de Noh et l'école Kongo est située à Kyoto. Tatsushige ma initié au monde absolument gigantesque du Noh, qui est à la fois un théâtre, donc qui est un théâtre du 14ème siècle mais qui est un théâtre à la fois chanté et dansé ; l'un des principes en tout cas fondateur du Noh c'est de dire qu'il n'y a pas de danse en chant et qu'il n'y a pas de chant sans danse. Et ça en fait pendant les 4 mois, ça  nous a beaucoup occupés, je crois que ça a beaucoup occupé  Tatsushige dans l'apprentissage et dans la transmission, lui, des savoirs qu'il connaît depuis tout petit, parce qu'il est acteur depuis qu'il a 5 ans. Donc voilà, ça c'était un pan extrêmement important de ma résidence. Et je me suis intéressé aussi à la manière dont la culture japonaise, donc les japonais, quel était le processus de leur deuil en fait, comment est-ce qu'ils.. quels étaient les derniers gestes, quels étaient leurs derniers gestes en contact avec leurs être chers, qu'est-ce qui, quels étaient leurs rituels, quel était l'influence du bouddhisme et du shintoïsme, donc l'influence de croyances aussi et de religions et aussi de spiritualité. Donc voilà, j'ai eu en tout cas cet environnement pour la création du solo ; il faut savoir que je partais à la base à la villa non pas pour créer un solo mais pour créer une pièce de groupe qui s'appelle «La fin des forêts » et c'est vrai que là-bas j'ai eu beaucoup de questionnements aussi sur, voilà, sur ma situation, que connaissent je pense beaucoup de danseurs et sûrement juste beaucoup d'êtres humains, voilà, qui est ce partage de solitude. Et donc cette question du danseur seul en studio qui se lève le matin, j'ai eu la chance encore une fois à la villa d'avoir un studio chaque jour en fait, pour développer ma propre pratique, à partir de aussi d'influences. Je me suis aussi intéressé à l'influence de la post-modern danse, je me suis vraiment demandé, voilà, qu'est-ce qui chez moi en tant que danseur, je sais pas si jeune danseur, enfin un danseur en tout cas, ça fait 10 ans que je fais ça, donc c'est quand même court, mais en tout cas je me suis vraiment demandé qu'est-ce qui, quels étaient les spectres qui pouvaient me traverser, même si je n'en avais pas le... même si je n'en avais pas la conscience. Et ce qui m'intéressait vraiment c'est de trouver, même de manière imaginaire, mais de trouver des correspondances vraiment comme de l'inter-textualité mais des correspondances entre la technique Cunningham et par exemple les prières... et les prières bouddhistes qui sont des prières qui sont des prostrations, comme ça des techniques de recueillement, enfin je sais pas si on peut appeler ça des techniques mais en tout cas des états de recueillement. Et j'ai visité aussi, j'ai écrit à la Cunningham Company, j'ai pris les classes virtuelles chaque matin pour vraiment re-rentrer dans ce corpsn qui est quand même à la base de tout un pan de notre histoire, en tout cas d'une certaine partie de l'histoire de la danse contemporaine en France. Et j'ai essayé de tracer, j'ai aussi appris une chorégraphie d'Isadora Duncan qui s'appelle «Mother» parce que j'ai aussi été beaucoup  influencé, intéressé par les récits du Nohn qui sont des récits qui souvent mettent en lien une mère et son fils, la disparition d'un fils qui revient sous la forme d'un fantôme et qui sous la forme de ce fantôme, raconte ses derniers instants à sa mère et en fait ce sont des... cet environnement narratif aussi qui m'a nourri.

Madeleine Planeix-Crocker

Donc tu les nommes de manière, voilà, je pense très viscérale des danses mélancoliques, donc que ce soient les pratiques auxquelles tu as été confronté au Japon, celles qui viennent plutôt d'un contexte européen et puis la rencontre de ces pratiques dansées dans ton corps. Et je trouve que le nom, danses mélancoliques au pluriel est très juste. Et il me semble que tu cites ces danses, tu les situes dans un contexte un tout petit peu plus large, qui est celui d'une écologie qui est profondément impactée par l'être humain et qui est en transformation, de par cet impact. Et je me demandais comment, quel serait le rôle à ton avis du corps et notamment du corps dansant en l'occurrence, dans ce rapprochement entre écologie et les pratiques du deuil ou du recueillement ?

Benjamin Bertrand 

Sur l'étymologie déjà du mot mélancolie, c'est vrai qu'il il y a cette chose dans ce mot-là qui est comme un retour à la terre ; la mélancolie, dans la théorie des humeurs au Moyen âge, c'est vraiment cette question de la bile noire et la bile noire elle est reliée, dans la cosmologie elle est reliée à la terre. Et ce mot-là de mélancolie, j'aime le relier au mot d'humiliation, qui évoque souvent une posture, parce que vraiment je crois que le travail que je développe est un travail postural. Et c'est pour ça que je me suis intéressé à toutes ces pratiques, c'est vraiment cette question de la posture et de l'articulation de la colonne vertébrale et de son déploiement ou de son  recroquevillement, en tout cas ces états de la colonne et ces états viscéraux aussi, comme si on ingérait comme ça beaucoup beaucoup d'informations. J'ai l'impression que le danseur est comme ça traversé, ou en tout cas au Japon j'étais dans des conditions, dans un environnement qui ont fait que je me suis senti traversé par le silence aussi, par la qualité du temps et de l'air qui est quand même assez particulier à Kyoto, par aussi cette attention, cette attention aux gestes, cette attention à la douceur. Et je crois que cette attention à la douceur, elle est aussi reliée à une limite, en tout cas il y a quelque chose quand on se met dans un état de douceur, quand cet état de douceur arrive et qu'on essaie de le transmettre. Je crois qu'il y a quelque chose qui commence à vibrer, je crois que c'est cette membrane-là qui m'intéresse quand je danse en tout cas. Et quand aussi je veux partager ces danses-là parce qu'il y a aussi cette question, il y a une question qui m'est beaucoup apparue au Japon c'est qu'est-ce qu'on fait de cette danse, comment je la partage, qu'est-ce que je partage vraiment, aujourd'hui en 2020, avec l'âpreté du temps. Et qu'est-ce qui en tout cas, dans ces expériences solitaires que j'ai pu vivre à Kyoto, qu'est-ce que je peux ramener ici et comment est-ce que  je peux ouvrir ça vers un champ plus écologique, c'est-à-dire plus... j'aime beaucoup ce que Timothy Morton dit quand il dit que notre rapport au monde est aussi un rapport aux  spectres, un rapport aux extraterrestres ; j'aime beaucoup me dire qu'en fait, voilà, c'est aussi notre responsabilité de développer nos imaginaires, même s'ils sont parfois bloqués, volés par l'industrie capitaliste et je pense que la douceur peut être une bonne réponse pour retoucher à ces rêves-là.

Madeleine Planeix-Crocker

Oui, et cette douceur-là, on la retrouve précisément dans ces moments d'attention spécifiques  portés aux défunts finalement et donc c'est quelque chose. Et j'ai trouvé ça très juste et très beau et on y reviendra peut-être un peu plus tard, mais dans les gestes que tu nous proposes, cette invitation au mouvement qui sert de première partie à notre échange, on retrouve également des gestes qui sont de l'ordre de la natalité également. Donc justement on revient peut-être au plus précis des gestes que tu as partagés avec nous. Tu évoques en parlant en tout cas de cette nouvelle création de ton rôle adopté de passeur, qui me semble être très intéressant à de multiples points de vue, passeur d'une pratique à une autre, d'une personne à une autre, voilà, d'un univers réel à un autre, qui serait peut-être de l'ordre des spectres. Et je voulais savoir comment est-ce que tu envisages, dans le cadre de cette session en particulier, ton rôle de passeur, est-ce que tu es vraiment dans une intimité proche avec les participants en one-to-one, comment est-ce que tu envisageais l'évolution de ton rôle de passeur dans ce contexte précis ?

Benjamin Bertrand 

Je crois qu'il y a déjà une donnée qu'il serait un petit peu, en tout cas pour ma part, un petit peu désinvolte d'oublier, ce serait la donnée de la pudeur. Et j'aime bien quand même cette idée d'une distance première entre... d'une vraie distance première entre les êtres quand on se rencontre, parce qu'y a toujours une distance ; il y a une distance qui est tellement tendue, en tout cas qui est tellement à l'écoute, en tout cas j'espère là pour cette session, j'aime en tout cas amener petit à petit. Je pars dans la composition chorégraphique, je pars à la fois de vidéos que j'ai filmées à Kyoto, je pars de 2 vidéos et à partir de ces 2 vidéos-là, que je considère comme des improvisations où beaucoup de corps ont émergé en une heure d'improvisation et qui sont vraiment les matériaux de composition du solo ; et à partir de ces vidéos-là j'ai construit des séquences, je les ai découpées en séquences et je les ai découpées en images aussi pour avoir comme un atlas et pour avoir la multiplicité de ce que ces danses ont fait émerger en tout cas. Mais je n'ai pas envie de faire un travail de pose, c'est pas ça qui m'intéresse donc pour la séquence là que je propose, j'avais envie d'emmener, d'amener les participants sur la respiration, sur la conscience vraiment du poumon en fait, vraiment de ce mouvement d'expansion et de rétractation, cet espèce de mouvement de vague aussi et ça commence comme ça. Et aussi il y a des gestes qui sont plutôt issus de la pratique méditative ou en tout cas d'une pratique de l'immobilité, parce que je commençais toujours ces improvisations par 10-15 minutes d'immobilité totale, totale ça n'est pas possible mais en tout cas de tentative d'immobilité totale, pour sentir vraiment ce qui se dépose dans le muscle, ce qui se dépose dans la peau ; il y a aussi cette histoire de la résistance, vraiment, qu'est-ce que c'est qu'un corps qui reste comme ça dans un espace et qui ne bouge pas et qui est en plus au contact d'un autre corps, voilà, qu'est-ce qu'on a à partager dans nos immobilités, dans cette immobilité-là : c'est quelque chose qui m'intéresse. Et aussi j'ai envie de partager des trajets très clairs aussi de l'énergie dans le corps, qu'est-ce que c'est qu'avoir une énergie qui passe par le poignet puis par les doigts puis qui repasse par la tête pour repasser par le... enfin voilà, tenter vraiment de dessiner des flux et de partager ça, oui.

Madeleine Planeix-Crocker

Est-ce que tu aurais éventuellement  quelques pistes de recommandations aux participants et participantes qui sont chez eux et qui souhaiteraient reprendre éventuellement ou répondre à cette invitation au mouvement, est-ce que tu voudrais leur dire quelques mots ?

Benjamin Bertrand 

Alors oui, alors moi je serais très curieux de savoir leur rapport à l'immobilité, aussi leur rapport au... la sensation qu'ils peuvent avoir et je n'ai pas l'impression qu'il faille être danseur en tout cas pour sentir ça, pour sentir la distance, l'espace qui se loge dans la colonne ou en tout cas de sentir à la fois la contraction du muscle mais l'expansion aussi, de sentir le regard aussi, de sentir son regard. C'est vrai que ça a été aussi très important durant ma résidence, parce que c'est vrai que à la fois, enfin, la danse est faite de directions de regards et est faite à la fois de regards périphériques, donc de regards qui s'ouvrent vers un horizon, en tout cas qui s'ouvrent, oui qui s'ouvrent à  180 et qui parfois peut être vraiment aussi, dans le plus infime. Et donc je pourrais peut-être dire ça, qu'ils aient, que vous ayez en tout cas que la sensation de votre corps et de cette globalité-là, et de votre respiration, et en même temps essayer de sentir vraiment la moindre, essayer de sentir l'infime, essayer de sentir la moindre, le moindre tremblement parce que vous allez trembler, moi aussi je tremble, essayer de sentir ça. Je crois que c'est Dante qui dit dans l'Enfer que le tremblement est la marque du chef d’œuvre et donc j'aime bien cette chose-là, de me dire que avoir un attention au tremblement et  au flux sanguin et à ce corps comme ça qui s'alimente d'énergie, parce que ça n'est que ça, ça n'est que de la, parce qu'on parle d'énergie mélancolique mais l'énergie mélancolique elle vient de la terre, l'énergie mélancolique, la mélancolie, c'est une histoire, c'est  une affaire collective, c'est pas uniquement nos tristesses ou en tout cas nos particularismes, c'est je crois vraiment une histoire, une histoire sans utiliser des grands termes mais en fait j'ai envie de les dire, faire une histoire collective de notre main, j'ai l'impression que c'est quand même vraiment l'enjeu principal de nos pratiques.

Madeleine Planeix-Crocker

Mais tu touches exactement à l'objectif en tout cas des warm up sessions en temps et hors contexte de crise qui est vraiment d'avoir un moment de rencontre collective en présence d'un ou une performer performeuse. Et donc là en effet on est un peu à l'affût de ce commun et de la construction de ce commun qui est désormais médiatisé par les réseaux digitaux, qui permettent néanmoins des rencontres. Et donc je pense que ça fait exactement partie aussi des enjeux de nos propres pratiques, que ça soit celles de la création artistique, de la curation etc, comment est-ce qu'on arrive à retisser ces liens et pas n’importe quels liens, des liens à vocation éventuellement pérennes des traces qui pourront être également des archives par la suite de tes créations, de tes recherches et puis de celles et ceux qui se sont livrés à cette expérience de participation un peu unique. Mais je pense que ton invitation par le mouvement, soulève, relève ce défi en tout cas, donc je t'en remercie.

Benjamin Bertrand 

Merci à toi.

Madeleine Planeix-Crocker

Et n'hésitez pas en effet à nous faire part de vos retours, on serait ravis d'avoir vos retours sur expérience de ce format et on espère vous retrouver en chaire et en os et en esprit pensant et dansant rapidement ici à la Lafayette Anticipations, merci Benjamin.

Benjamin Bertrand 

Merci à toi.