Simon Fujiwara
New Pompidou
Résidence de production du 19 févr. au 10 mars 2014
Il y a 10 ans et 8 mois
Tout à la fois sculpture, performance et film, l’œuvre est née de la rumeur selon laquelle Pontus Hultén aurait souhaité réaliser une réplique du Centre Pompidou. Des années 80 où cette volonté a paraît-il germé, la rêverie est arrivée jusqu’à Simon Fujiwara. C’est que l’artiste, formé comme architecte, partage avec le bâtiment monté sur le Marais en 1977 une histoire particulière. Lorsqu’il découvre l’œuvre de Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini au cours d’un voyage d’étude, l’apprenti - bâtisseur est non seulement frappé mais encore écrasé par la grandeur de la structure. Il jure alors de ne jamais devenir architecte, vole une rose sur la terrasse du Centre Pompidou, la sèche et la conserve en témoignage de son vœu de chasteté.Dans le bâtiment vide de Lafayette Anticipations avant travaux et à quelques mètres seulement de cette romance contrariée, Fujiwara rompt sa promesse.
Il a comme digéré à mesure que sa rose s’est fanée l’immensité du Centre Pompidou et a décidé d’en donner sa vision en une seule pièce, pot-pourri, reliquaire de Paris, du Marais, de l’amour et de l’architecture mêlé à ses souvenirs intimes. New Pompidou est une sculpture en plâtre, moulée d’après une gerberette, un élément d’acier inspiré de l’ingénieur allemand Heinrich Gerber (1832-1912) qui articule précisément la structure du Centre Pompidou. Cette forme étonnante, gargouille, phallus, en tous les cas joyau de l’industrie sert à Fujiwara de sarcophage pour les pétales de sa rose oubliée.Huit semaines auront suffi pour que l’artiste donne corps à la rumeur d’un nouveau Centre, sis dans l’imagination de son mythique et défunt directeur suédois.
L’imminente résurrection de ce New Pompidou célèbre la mort d’un Paris qui n’est plus, d’un savoir dissipé, d’une histoire révolue, d’un amour qui s’éteint... une petite mort portée en procession le soir de la Saint-Valentin. Simon Fujiwara a choisi de déplacer son œuvre de la Fondation vers les galeries du Nouveau festival le 14 février 2014. Après avoir donné dans un silence de plomb une performance au milieu de son atelier fragile, l’artiste a fait porter sa masse de plâtre dans le cuivre de Wagner. Trompettes trébuchantes, sa gerberette, partie fossile ou découverte paléontologique, ossement mémorable, organe mort et vivant, est sortie du Marais pour mieux lui revenir.