Maria Ribot
Figure majeure de la danse plasticienne, aussi rigoureuse qu’extravagante, Maria Ribot dite La Ribot a développé une œuvre en rhizome qui doit sa radicalité à sa façon de prendre l’art à sa racine, là où le corps et l’idée s’éprouvent en toute liberté. Son œuvre performative et visuelle, au croisement de la performance, de la vidéo et de l’installation live, fonctionne de fait par dérives et déviations, suivant une trajectoire vagabonde dont les formes résistent à la définition.
Enfant de la Movida espagnole, La Ribot vit comme elle bouge, en évitant l’inertie. Partie de son Espagne natale à la fin des années 1990 au motif qu’elle y voyait la danse stagner, elle s’est installée à Londres puis à Genève, et parcourt depuis le monde entier. Sa façon d’être toujours en mouvement se traduit dans la mise en œuvre d’un vocabulaire nerveux et saccadé, toujours exécuté avec précision, qui rythme sa critique du monde contemporain. Du geste absurde au concept fulgurant, son œuvre fait ainsi bouger les lignes pour mieux mobiliser la pensée, prenant pour seul principe de ne jamais rien tenir pour figé.
Influencée par l’histoire de la danse, du théâtre et de la performance, autant que par les arts visuels, elle a été parmi les premières chorégraphes à investir aussi franchement les musées et les galeries. En occupant ces lieux qu’elle aborde comme des espaces de pure présentation, elle procède au complet renversement des normes de la représentation scénique. La mise à l’horizontale du spectacle lui permet en ce sens de se défaire des hiérarchies qui organisent ordinairement la relation de l’interprète au public, mais aussi de mettre sur un pied d’égalité tous les éléments plastiques et dramaturgiques qui organisent ses actions. Dans ses pièces, en effet, corps, images, sons, textes et objets prennent place dans un espace indifférencié de manière à mettre en défaut les attentes et les grilles de lecture du spectateur.