The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
Après avoir invité huit personnalités du monde de la mode à témoigner du pouvoir de réminiscence des vêtements, Anja Aronowsky Cronberg, fondatrice de la revue Vestoj, explore le « lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli ». Faisant suite au « Storytelling Salon », tenu à Lafayette Anticipations - Fondation d'entreprise Galeries Lafayette en avril 2014, le « Vestoj Salon on Slowness » s'est tenu le 27 janvier 2015 dans les salons de la société Ekimetrics à Paris. Il reconnaît que la mode, suivant les vies de millions d’anonymes, est sujette à l’accélération décrite par de nombreux penseurs. Les vêtements d’aujourd’hui épousent les formes d’une époque saturée de mouvements qui couronne de succès des êtres multitâches.
L’habillage pâtit de ce phénomène. C’est une opération comptable de notre temps, une séquence obligatoire dans le flux incessant de nos journées, à laquelle on ne saurait se consacrer sans être soupçonné de frivolité. La parure, qui jadis convoquait le sens de l’étiquette et de l’événement, a basculé dans le régime général de l’anecdote, invisible et privée. Le Salon Vestoj sur la Lenteur puise aux antipodes sociales, économiques et politiques de notre époque pour retrouver dans la culture d’Ancien Régime le poids symbolique du vêtement. C’est ainsi que le Salon propose une cérémonie d’habillage et de déshabillage, élaborée comme un tableau vivant dans le cadre des bureaux de la société Ekimetrics, située dans les anciens appartements du collectionneur Charles de Beistegui. La performance, déployée dans un décor digne du Grand Siècle revisité par l’architecture contemporaine d’Estelle Vincent, commande à ses petites mains de réinstituer un protocole en faveur de l’habit, dépositaire d’une charge symbolique importante. L’entreprise révèle combien l’usage du temps peut être politique. Tandis que les élites font désormais l’éloge de la vitesse, elles acceptaient hier d’accorder de longues heures aux tâches qu’on jugerait anodines. Contrairement à ce que laisse présager notre époque, la lenteur ne se confond pas avec l’immobilisme, mais donne plus d’importance aux moyens qu’à la fin. Tandis que nos sociétés sont fascinées par l’efficacité, façonnées par la crainte de l’obsolescence, la lenteur devient une valeur subversive. Des saboteurs sont néanmoins à la manœuvre, pourvu qu’on sache où les trouver. Il se peut que sous leur influence notre époque s’essouffle au profit d’un mode de vie plus réflexif et sensible. Une performance écrite par Anja Aronowsky Cronberg, produite par Lafayette Anticipations - Fondation d'entreprise Galeries Lafayette le 27 janvier 2015 dans les salons de la société Ekimetrics, au 136 avenue des Champs-Elysées, à Paris. Avec Scarlett Rouge, Lola Peploe & Nick Haughton. Décors par David Myron. Costume par Natasha Palazzo.
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti
The Vestoj Storytelling Salon on Slowness, 27 janvier 2015, société Ekimetrics, Paris © Vanni Bassetti