Si le matériau de base de Caterina Barbieri est le synthétiseur, c’est essentiellement d’humanité et de chaleur organique dont il est question dans son travail exploratoire.

Ses compositions s’appuient ainsi sur les effets psychophysiques de la répétition et des opérations basées sur des motifs en musique. En découle un véritable voyage de l’esprit et des paysages sonores à la beauté rare. Spirit Exit, son dernier album sorti chez Mego, est une œuvre complexe et émouvante, faite de circonvolutions synthétiques et vocales. Son travail le plus personnel, libéré des influences extérieures et qui donne naissance à un monde totalement inédit

Signée sur le label Hyperdub, aya est une autre perle de la scène de Manchester.

Son premier album sorti en 2021, im hole s’est présenté comme un véritable choc, une œuvre capable de questionner le monde en tordant les préjugés. Sur des productions naviguant entre dubstep radical, drone et art techno, la musique d’aya est la toile de fond d’une contorsions des points de vues et des certitudes, un assemblage de douleurs et de plaisirs. Salué par de nombreux médias comme une oeuvre queer récente majeure, ce premier album manifeste d’une vision puissante et hautement personnelle prend toute son ampleur sur scène. Outre son travail philanthropique en tant que Première Dame autoproclamée du Bootleg, aya en est à sa troisième année de résidence radio mensuelle avec NTS.

Voice Actor a été initialement conçu comme un projet radiophonique composé de 110 morceaux et envoyé sous cette forme au label Stroom.

Le résultat est Sent From My Telephone, un corpus sonore étonnant, à classer quelque part entre ambient, library music expérimentale, dream pop et noise. Une façon de revendiquer la force de l’imagination et l’existence d’un monde de possibles dans les interstices de la réalité.

Vocalises entêtantes, flûtes andines synthétiques, percussions d’outre tombes et reggaeton joué à la main, le duo Alto Fuero invente une world music d’un monde imaginaire et étire dans tous les sens la notion de folklore.

Formé par Victoria Palacios et Loto Retina, deux artistes qui s’expriment autant dans les arts visuels que la musique, le groupe fait de chacune de ses apparitions scéniques une performance unique. Et réussit haut la main à lier avant-garde et cultures populaires.

Iceboy Violet offre une vision novatrice d’un rap nourri de musique électronique futuriste et d’expérimentations organiques.

Ses beats évoquent tour à tour la trap ou l’IDM, nourrissant une vision syncrétique d’un rap électronique qui conjure idéalement les anxiétés contemporaines. La vulnérabilité revendiquée de Iceboy Violet s’exprime au travers d’un des flows les plus intéressants et originaux du moment. Une musique hors normes et extrêmement précieuse. 

Il n’aura fallu que trois petites années à Loraine James pour attirer tous les regards sur sa free bass music futuriste, langoureuse et politique.

Représentante surdouée d’une génération qui a ramené les revendications et l’intimité dans la musique électronique, la productrice et musicienne britannique s’est faite remarquer logiquement par le prescripteur label Hyperdub (Kode9, Burial). Son dernier album Building Something Beautiful For Me (2022) varie les ambiances et fourmille de trouvailles sonores. On y découvre un portrait brutal d’honnêteté et terriblement touchant de l’artiste, rappelant de loin les travaux du compositeur new-yorkais Julius Eastman à qui elle a récemment rendu hommage.

Musique de danse avant tout, en club, salon ou cave, Das Kinn est un secret bien gardé de l’underground européen qui ne devrait pas tarder à enflammer de plus grandes scènes. 

Co-gérant du label de Francfort MMODEMM et membre du duo performatif Les Trucs, Toben Piel crée avec son projet solo Das Kinn une musique qui semble réconcilier les contraires, amalgamant punk, new-wave, house music, rock arty et humour absurde. 

Lazza Gio a pris par surprise tous les amateurs de cloud rap avec Pas Vraiment pour toi, un premier EP désabusé et émouvant.

La musicienne qui écrit et produit tout à domicile revendique des influences étonnantes (Björk, l’emorock, Juice WRLD ou Mathieu Boogaerts) et redonne ses lettres de noblesse au format de la break up song. Écriture brute, flow burn out baigné de catharsis et productions sans fioritures, Lazza Gio ouvre une fenêtre sur une âme contemporaine malmenée et tourmentée dans laquelle on se reconnaît sans peine.