Dans son exposition personnelle, Steffani Jemison propose de déchiffrer des augures. Le 12 février 1831, Nat Turner, un homme mis en esclavage sur la plantation de Southampton en Virginie, observe une éclipse et y reconnaît la main d'un homme noir recouvrant le soleil. Il interprète l'événement comme le signe annonciateur d'une révolte d'ampleur dont il prendra la tête. Il sera arrêté et condamné à mort avec les autres insurgé·es en novembre de la même année. ciel clair/eaux troubles s'intéresse aux vents de révoltes et aux reflux de la répression - des insurrections de 1831 aux émeutes qui ont soulevé les villes de Boston, Détroit, Cincinnati ou Newark à l'été 1967 – à travers le prisme des phénomènes naturels (éclipses, flux de vent, variations de lumière et de gravité). L'élan de l'émancipation apparaît ici non comme un chemin linéaire, mais comme un parcours incertain, fait de chutes et de reprises. L'artiste Steffani Jemison explore la fuite comme un geste créatif et politique : une manière d'inventer d'autres coordonnées, d'improviser de nouvelles formes de présence et de tracer des futurs que le corps peut soutenir. Ici, l'atmosphère dépasse la simple question climatique. Elle agit comme une force sensible, chargée de mémoire et de tensions invisibles. Elle dissimule les structures qui influencent nos trajectoires et contraignent nos orientations. Comme les vers d'un ruttier - ces poèmes que les marins apprenaient par cœur pour naviguer quelles que soient les conditions - l'exposition invite à prêter attention aux courants imperceptibles.

​​Steffani Jemison utilise le mouvement et le langage comme outils de recherche matérielle et spirituelle, travaillant à la jonction entre la connaissance conceptuelle et la connaissance incarnée.

Son travail est souvent basé sur des archives et englobe une variété de médias, y compris la vidéo, la sculpture, le dessin et la performance en direct. 

Dans son travail, Jemison aborde la culture afro-américaine et le langage vernaculaire, ainsi que les tensions entre les sphères privée, sociale et politique par divers moyens, en examinant les structures et en testant les limites de la narration et du temps linéaire. 

La pratique interdisciplinaire de Jemison explore les thèmes de la possibilité, de la perspective, de la proximité et de la compréhension, dans un corpus continu d'œuvres ancrées dans des idées qui traversent les frontières du temps et de l'espace. 

Steffani Jemison a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives au Centre d'Art Contemporain Genève, Genève, CH (2024) ; Greene Naftali, New York, US (2024 ; 2021) ; Annet Gelink Gallery, Amsterdam, NE (2022 ; 2020) ; Madragoa, Lisbonne, PT (2021) ; Stedelijk Museum, Amsterdam, NE (2019) ; De Appel, Amsterdam, NE (2019) ; Jeu de Paume, Paris, FR (2017) ; CAPC, Bordeaux, FR (2017) ; MASS MoCA, North Adams, US (2017) ; Nottingham Contemporary, Nottingham, UK (2017) ; RISD Museum, Providence, US (2015) ; The Museum of Modern Art, New York, US (2015) ; Whitney Biennial, New York, US (2019) ; et Black Refractions : Highlights from The Studio Museum in Harlem, New York, États-Unis (2019-2020), entre autres. 

Ses projections comprennent Art of the Real au Lincoln Center, New York, États-Unis (2018) et Conversations at the Edge au Gene Siskel Film Center, Chicago, États-Unis (2018).