Rencontre

Le plan et la coupe avec Patricia Mazuy et Patrick Bouchain

lundi 17 nov. 2025 de 19h à 20h30

Gratuite sur réservation

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Que fait l'architecture au cinéma ? Le cinéma peut-il penser l'architecture ? En faisant dialoguer en duo des architectes et des cinéastes aux préoccupations communes, ce cycle de rencontres conçu et animé par Isabelle Regnier, journaliste au Monde, propose  de faire craquer les lignes dans lesquelles les disciplines tendent à se cloisonner, pour explorer  de nouvelles perspectives et de nouveaux regards.

Cette seconde soirée réunit la cinéaste Patricia Mazuy, figure singulière du cinéma français et Patrick Bouchain, architecte et scénographe connu pour son approche engagée et participative de l'architecture.

Patricia Mazuy signe dès la fin des années 1980 des films marquants tels que Peaux de vaches (1989), Saint-Cyr (2000) ou plus récemment Bowling Saturne (2022). Son cinéma explore les rapports de pouvoir, la violence contenue et la quête d'émancipation. L'étrangeté du monde, la noirceur des âmes, y infuse avec d'autant plus d'âpreté que sa mise en scène est ancrée dans la matérialité des paysages contemporains et de l'architecture du banal.

Architecte, urbaniste, scénographie, Patrick Bouchain a réalisé de nombreux projets phares de la scène culturelle contemporaine, comme le Lieu Unique à Nantes, la Condition Publique à Roubaix ou encore le Théâtre équestre Zingaro à Aubervilliers, qui témoignent d'une passion inentamée pour le théâtre et les arts vivants. Pionnier de la reconversion des sites industriels en lieux de culture, cet esprit libre - qui est également cinéphile - a toujours refusé de s'inscrire à l'ordre des architectes. Il milite pour une pratique collaborative de l'architecture (avec les habitant·es, les ouvrier·es, les architectes...), collabore régulièrement avec des artistes etdéfend l'idée de "faire autrement" contre la puissance asphyxiante de la norme.
Patricia Mazuy est une cinéaste française.

Elle souhaitait intégrer l'école Louis Lumière mais entre à HEC pour satisfaire le souhait de son père, boulanger. Elle s'occupe essentiellement du ciné-club, y confirme son amour pour les westerns et les polars, découvre les Doors alors déjà morts, et quitte l'école pour Los Angeles. Là-bas, elle tourne un court métrage avec son salaire de baby sitter et rencontre Agnès Varda et sa monteuse Sabine Mamou. Laquelle, trois ans plus tard, l'engage comme stagiaire sur Une chambre en ville, et, elle apprend, enfin. Après le montage de Sans toit ni loi, elle se consacre à son premier film Peaux de vaches. Elle avait commencé l'écriture en 1983 pour Jean-François Stévenin dont elle admirait Passe montagne.

Patrick Bouchain est architecte et scénographe.

Il a collaboré avec de nombreux·ses artistes dont Daniel Buren, Sarkis, Bartabas.  En tant qu’architecte, il a notament réalisé : l’aménagement du centre culturel Le Magasin à Grenoble (1985), le Théâtre Zingaro à Aubervilliers (1988), Le Lieu unique à Nantes (2000) dans les anciennes usines LU, le Musée international des Arts modestes à Sète (2000), l’Académie Fratellini à Saint-Denis (2002), la reconversion de La Condition publique à Roubaix (2003) et Le Channel, Scène nationale de Calais (2005) dans les anciens abattoirs.

Pionnier du réaménagement de lieux industriels en espaces culturels, il a axé son activité sur les arts du spectacle, la mobilité et l’éphémère. Foncièrement anticonformiste, il pratique avec l’agence Construire (fondée avec Loïc Julienne et Nicole Condorcet) un architecture HQH, pour « Haute Qualité Humaine », développant les chantiers ouverts au public, véritables actes culturels, avec une remise en question permanente des normes. Depuis 2009, il a orienté son activité vers l’application de ces expériences pour proposer des manières alternatives, à la production d’habitat social à travers un projet intitulé « Le Grand Ensemble » dans plusieurs villes : Boulogne-sur-Mer, Tourcoing, Beaumont.

Patrick Bouchain a toujours considéré la transmission comme indissociable de sa pratique. Il a ainsi créé en 2010 « l’université foraine» dont l’objectif est de former des étudiants et des élus à mener des opérations constructives hors des sentiers battus. En 2018, il a mis en place « La Preuve par 7 » pour développer des projets sur des sites d’échelles variées : un village, un bourg, une ville, une banlieue, une métropole… Il a reçu le Grand Prix de l’urbanisme en 2019.

Isabelle Regnier est responsable de la rubrique architecture et patrimoine au journal Le Monde.

Sa carrière de journaliste débute en 2000 après une période passée à travailler pour des institutions culturelles à New York, puis à Hong Kong. D’abord au sein de la revue Les Cahiers du cinéma où elle couvre l’économie du cinéma et la politique culturelle (sous le pseudonyme Anne Ballylinch). Puis au quotidien Le Monde, dont elle intègre la rédaction en 2002. Après quinze années passées au sein de la rubrique cinéma, à exercer une activité de critique, elle se voit confier la rubrique architecture et patrimoine du journal. Isabelle Regnier est l’autrice de deux documentaires, La Rue est à eux (2010) et Pièce Montée (2012). Lauréate du prix de la critique de l’Académie d’architecture en 2019, elle a contribué à plusieurs ouvrages : Jacques Rozier, le Funambule (Cahiers du cinéma, 2001), Elles construisent, portraits d’architectes franciliennes (Maison de l’architecture d’Ile-de-France, 2024), La Fondation danoise : Kaj Gottlob (Still, 2025). Elle enseigne par ailleurs, dans le cadre du master Arts à l’Ecole Nationale Supérieure et du master de journalisme culturel de la Sorbonne Nouvelle.